Fondation Azzedine Alaïa PAris

Alaïa avant Alaïa

De mes escapades muséales parisiennes, quelles que soient la diversité et la richesse qu’offre la capitale aux amoureux des arts et esthètes, souvent, je retiens la pure beauté des expositions présentées à la Fondation Azzedine Alaïa.
L’enchantement des lieux, la présence quasi-palpable du couturier décédé en 2017 sont troublants. Autrefois atelier, espace de travail et de présentation des collections, lieu de vie où l’on l’imagine recevoir ses nombreux amis du tout Paris, la fondation, souhaitée par Azzedine Alaïa présente en ce moment et jusqu’au 23 octobre 2022 l’exposition inédite et originale “Alaïa avant Alaïa ».
Le parcours du créateur et talentueux artiste qu’il fut et dont le style est unique et intemporel se déploie de ses débuts, de l’apprentissage à Tunis à la consécration.
La scénographie de l’espace principal d’exposition est construite comme une narration. Elle ouvre, au travers d’archives, des fenêtres sur la chronologie de l’ascension du jeune Azzedine, couturier dont les clientes gardent la confidentialité du nom (Arletty l’admire), vers le grand couturier Alaïa. Des créations représentatives des époques référencées sont dévoilées au travers de ces fenêtres, dans de petits espaces, comme une invitation aux délices de la confidentialité et du voyeurisme.
Elles dévoilent l’exigence de toute une vie au service de la sublimation du corps des femmes. Azzedine Alaïa avait le talent, mais aussi la parfaite maîtrise de son art. Les vêtements, sculpturaux, sont cousus de manière à épouser le corps. Les lignes et les courbes sont maintenues, sublimées, renforcées. La femme en Alaïa est forte, conquérante.
Nous découvrons au fil du récit l’importance des rencontres, de la confiance de ses fidèles clientes (de la femme de lettres Louise de Vilmorin qui l’initie à l’exercice de la mondanité et avec laquelle il côtoie un cercle d’artistes, de Greta Garbo, d’Arletty pour lesquelles il crée des vêtements sur mesure), de l’amitié, celle de Thierry Mugler qui l’encourage, celles de Latifa Ben Abdallah et Leïla Menchari ses complices de toujours.

Tous jouèrent des rôles clés dans le cheminement vers la consécration du talentueux et pudique couturier.
Une salle, consacrée à Leïla Menchari témoigne par des photos, des dessins, des portraits, de l’amitié, du talent et de la complicité professionnelle des deux artistes.
Cette exposition est à voir absolument. Le 18, rue de la Verrerie propose également un espace café et une librairie dont la sélection d’ouvrages consacrés à la mode est remarquable.

« Alaïa avant Alaïa », jusqu’au 23 octobre 2022. Fondation Azzedine Alaia, 18 Rue de la Verrerie, 75004 Paris. Ouvert tous les jours de 11 h à 20 h.