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Slow fashion et savoir-faire : l’itinéraire couture de Danielle Engel

Installée à Montpellier, Danielle Engel créé une mode à la française, aussi locale que désirable. Ses pièces intemporelles séduisent une clientèle en quête de sens et de vêtements durables. Retour sur une success story à taille humaine, faite de savoir-faire et de passion.

C’est une enseigne de niche où la mode se pense, se fabrique et se vend dans un périmètre extrêmement réduit. L’un de ces petits trésors hérités des savoir-faire coutures que l’on aimerait voir fleurir en nombre, partout autour de nous. Dans un marché du textile au tableau terni par une boulimie de mode jetable, à une époque où le besoin de ralentir se mêle au désir de renouer avec une consommation qui a du sens, Danielle Engel, la marque couture du nom de sa créatrice, est l’une de ces petites maisons françaises qui pratiquent la mode comme autrefois. À petite échelle, dans une approche artisanale et couture. Naturellement raisonnable et raisonnée.

 

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Collection hiver 2024-2025, DR

Une vocation portée par la passion de la haute couture à la française

Sa créatrice, née au Togo, bien avant de créer sa marque et de lui donner son nom, a grandi dans le coton. « Quand j’étais petite, j’allais aider ma mère à récolter les fleurs de coton sans savoir à quoi elles servaient. » Son premier contact avec la mode s’éveille en voyant sa tante filer et tisser la matière.  Plus tard auprès d’une grande sœur couturière dont elle suit les pas. En Afrique d’abord.

Comment passe-t-on de la couture au Togo à la création de sa propre griffe couture française ? En étant d’abord subjuguée par une image de mode, celle d’une silhouette signée Yves Saint-Laurent dans un magazine Vogue. En étant dotée, aussi, d’un solide caractère et d’une volonté sans limites.

Danielle Engel

Quand j’ai vu cette silhouette d’Yves Saint-Laurent, je suis tombée amoureuse de ce que je voyais. J’ai compris que c’était vraiment ce que je voulais faire. Cet amour pour la mode et plus largement pour la mode européenne ne m’a plus jamais quittée. Je suis venue en France pour pouvoir faire ce métier.

 

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Danielle Engel (en rouge), entourée de son équipe, DR

De la Chambre Syndicale de la Haute Couture à Paris à la création de sa marque à Montpellier

Cours de couture au GRETA de Paris la journée, travail à temps partiel dans une boutique de prêt-à-porter… L’étudiante comble son retard technique en s’exerçant la nuit, grâce à une machine à coudre offerte par la ville d’Ivry et son Maire de l’époque, Manuel Valls, futur premier ministre et client de la première boutique de la créatrice.

Avec trois ans de formation à la Chambre Syndicale de la Haute Couture à Paris pour bagages, Danielle Engel s’est installée à Montpellier pour y suivre son mari. Elle y a créé sa griffe il y a dix ans. « Après la formation, j’ai un peu continué à faire des retouches, mais rapidement, j’ai eu envie de créé ma marque… Être créateur de mode, c’est être à l’écoute de l’autre, le transformer, le valoriser… Quand on est bien habillé et bien dans ses pompes, la journée se passe autrement. J’ai beaucoup de respect et de reconnaissance envers mes clientes », explique-t-elle.

 

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Collection printemps 2025

Une mode durable taillée dans des tissus haut de gamme

Dans des tissus haut de gamme presque exclusivement français, la créatrice taille et coud une mode féminine pour « toutes les dégaines », dit-elle. Tous les modèles de la marque sont pensés et créés à Montpellier. Danielle travaille avec des maisons auxquelles elle est fidèle depuis le début. À l’image de la marque stéphanoise Bélinac, productrice d’une soie de qualité, ou de Sédatex à Barcelone, très impliquée dans le textile durable.

Ses inspirations ?

« Il y a tellement à explorer dans la mode ! Selon mes coups de cœur, une collection peut être inspirée par une cliente ou une amie. Une silhouette en fait surgir une autre. Chaque personne a sa propre identité vestimentaire. » Celle de Jane Birkin, avec son charme fou, l’a foudroyée au cours d’un trajet Paris-Montpellier en train. « J’étais trop timide pour l’aborder, mais quand elle s’est levée, je l’ai regardé rapidement. Elle portait un pantalon en velours côtelé beige foncé. Elle était magnifique. En deux secondes, j’ai scanné sa silhouette. » Griffonné à l’instant dans son carnet, le pantalon Jane est l’un des modèles permanents de la marque. « J’aime aussi beaucoup la mode d’Olivier Rousteing et le côté garçonnet de celle d’Isabel Marant »

Labellisée « Fabriqué en France », « Fait en Occitanie » et « Artisan d’art », la maison revendique haut et fort ses racines et son savoir-faire. « Dans quelques années, on sera obligés d’afficher l’impact environnemental de chaque vêtement », souligne la créatrice. « Il y a eu une vraie prise de conscience ces dernières années, surtout chez les jeunes. Ils veulent savoir d’où viennent leurs vêtements, qui les a faits, comment… Et l’Occitanie fait figure d’exemple : c’est l’une des régions où l’on consomme le plus de mode éthique en France.

Côté projets, Danielle cherche un espace plus grand à Montpellier pour regrouper sa boutique et son atelier. Un lieu où elle pourra aussi développer des collections pour les hommes, une autre de ses envies. Les prix ? Entre 200 et 300€ pour une robe et 145€ pour un pantalon.

  • Danielle Engel, boutique : 17 Rue de la Croix d’Or, Montpellier
  • Site de la marque