Artiste de l’archéologie contemporaine, Jean-Pierre Formica explore nos mémoires à la manière d’un anthropologue. À Arles, sa double exposition cet été — Panta Rhei aux Alyscamps et Rituels à la Galerie Regala — s’impose comme une évidence. Méditerranéen de cœur et de matière, Formica y poursuit son dialogue avec le temps et l’histoire.
Comme si c’était écrit ! Dans le site historique des Alyscamps, l’art de Jean-Pierre Formica n’aura jamais trouvé d’écrin plus juste pour accueillir son œuvre pluridisciplinaire. S’invitant précautionneusement avec l’histoire et les silences sublimes de la nécropole antique, l’artiste insère ses papiers révélés, sculptures de sel, céramiques et bronzes. Construisant une déambulation contemplative entre le passé et le présent, la beauté et le mystère des lieux se confondent avec les œuvres de l’artiste, composant une symphonie de temps.
Je me suis engagé sur une lecture propre, comme si j’étais admis en tant que visiteur et que je venais, au travers de ce que je voyais, me placer avec respect, confie l’artiste.
Un dialogue entre le temps et la matière
Aux Alyscamps, Jean-Pierre Formica se saisit de la mémoire des lieux dans un élan vital où entrent en résonance toutes les périodes de son œuvre, depuis les premiers éléments figuratifs jusqu’à ses travaux récents.
Mon travail est dans cette logique du temps. Il me permet d’avancer. J’ai besoin de lui pour arriver à m’exprimer. Ce que je fais aujourd’hui est la synthèse de tout. Ce cheminent, qui m’est personnel, est dans le parcours même du temps qui est passé aux Alyscamps. J’y trouve une analogie complète. Une évidence.
Dans les vestiges antiques de la nécropole, l’artiste compose avec l’architecture et les éléments naturels des lieux. Il utilise l’espace et créé une narration dans laquelle se super- posent les strates d’une histoire à laquelle il vient apposer la sienne. À l’église Saint-Honorat, bronzes, fusains et gisants de sel, dialoguent avec la pierre. Auprès des sarcophages, une série de sculptures blanches se déploient dans l’espace, feignant d’être là depuis toujours.
Plus loin, une autre, jaune, contraste avec le vert des feuillages. Au sol d’une chapelle, l’artiste a créé un jeu de rythmes et de volutes avec les éléments décoratifs. Un diptyque monumental se dévoile dans un travail avec la lumière. Réalisé selon le principe de ses papiers révélés, dans lequel il superpose les tableaux, ses scarifications font apparaître les couleurs et les formes, découvrant la mémoire en profondeur pour mieux la manifester.
La transformation de devant se crée par la vitalité de l’ensemble même des corps, de la matière, des strates. C’est-à-dire que les unes après les autres, je vais chercher en profondeur ce qui va nourrir l’ensemble même. Cela s’appelle la vie en fait.
Galerie Regala : les rituels intimes de Jean-Pierre Formica
En contrepoint de Panta Rhei aux Alyscamps, Jean-Pierre Formica investit la Galerie Regala avec Rituels. Plus intime, l’exposition dévoile une série de dessins et de petites sculptures réalisées au fil des jours, en marge de ses œuvres majeures. Devenant réserve d’archéologie contemporaine, la galerie propose de découvrir une autre facette de l’artiste. Un écho subtil à l’exposition aux Alyscamps.