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Musée de la Mode et du Costume Fragonard, DR

Arles : le Musée de la Mode et du Costume Fragonard, un bijou d’histoire et de modernité

À Arles, Fragonard signe un musée dans lequel le patrimoine vestimentaire provençal entre en résonance avec la création contemporaine. La première exposition, Collections Collection, est à découvrir jusqu’au 4 janvier.

À Arles, les façades classiques cachent souvent des trésors. Dans cette ville où l’art est partout présent, de l’empreinte laissée par le peintre Vincent van Gogh aux Rencontres d’Arles et à la Fondation Luma, la mode n’avait pas encore trouvé sa juste place. C’est chose faite sous le patronage de la Maison Fragonard Parfumeur et de ses héritières Agnès, Françoise et Anne Costa, dont le Musée de la Mode et du Costume brille à l’Hôtel Bouchaud de Bussy depuis le mois de juillet.

Né de l’amitié entre les collectionneuses Magali Pascal et Hélène Costa, toutes deux passionnées par le patrimoine vestimentaire provençal, ce musée, ouvert après cinq années de travaux, a retrouvé ses volumes d’origine. Il abrite les quelque 10 000 pièces de collections des deux femmes. Un ensemble majeur et représentatif de l’histoire de la mode et du costume provençal depuis le 18ᵉ siècle, que les filles des deux collectionneuses conservent et exposent désormais à Arles. « Une collection ne se justifie que si elle apporte des moyens de connaissance », disait Magali Pascal. Cette idée a présidé à la réunion, des deux collections dont la très belle conservation méritait un écrin à la hauteur.

 

Un bijou architectural sublimé par une esthétique contemporaine et minimaliste

Ce bijou architectural dont les origines remontent au XIVe siècle a fait l’objet d’une très belle restauration par le studio d’architectes Studio KO. S’y invite une esthétique dont la contemporanéité épouse le bâtiment historique sans le dénaturer. Dans une tension constante entre le classicisme de l’Hôtel Bouchaud de Bussy et le minimalisme de l’univers de Studio KO, la scénographie du musée dévoile un jeu de clair-obscur où chaque détail converge pour mieux servir et éclairer les collections. Murs aux teintes inspirées des toiles à bateaux qui remontaient le Rhône, sols brillants comme de la faïence marseillaise, porte en laiton doré tel un bijou provençal et lignes pures typiques du travail des architectes… En contraste avec le style moderne de la rénovation, l’histoire, celle des lieux et celle des collections, ne se révèle que mieux.

 

Agnès Costa

Les travaux ont été longs et fastidieux, mais nous avons eu la chance de travailler avec un cabinet d’architecture prestigieux, qui a réalisé le Musée Yves Saint-Laurent à Marrakech et qui a réalisé beaucoup d’œuvres contemporaines, puisqu’ils sont spécialisés dans la construction. Chez nous, ils ont accepté de s’effacer pour la mise en valeur de ce bâtiment historique.

Collections-Collection : une première exposition hommage

Clément Trouche, directeur artistique du musée, orchestre le parcours de la première exposition du musée : Collections-Collection. Elle rend hommage à la Genèse de la réunion des collections de Magali Pascal et Hélène Costa. Des pièces inédites ou qui n’avaient pas été montrées au public depuis plus de dix ans s’y dévoilent jusqu’au 4 janvier, dans des jeux d’ombres et de lumières. On y entre par un escalier monumental des années 1720, surmonté d’un drapé théâtral évoquant la voile d’un bateau. À ses pieds, une Vénus d’Arles en plâtre patiné est éclairée par la lumière naturelle d’une grande baie donnant sur la cour centrale du bâtiment.

Puis vient un cabinet de curiosité. Carnets d’échantillonnages, étoffes, tableaux, rubans d’Arlésiennes, bijoux, souliers et vêtements brillent dans des écrins noirs. « Un cabinet de curiosité est un très bon moyen de parler de l’objet, commente Clément Trouche. Cette exposition, qui parle de la collection et des collectionneuses, nous montre comment, un objet, lorsqu’il est acheté, lorsqu’il est trouvé et lorsqu’il intègre le foyer d’un collectionneur, va parfois trouver une résonance immédiate avec les autres objets qui constituent la collection. »

 

L’Arlésienne : une figure poétique d’inspiration pour Charles Fréger

Plus loin, une galerie de portraits du peintre Antoine Raspal, dont les deux sœurs habillaient les femmes les plus influentes d’Arles, sont de véritables photographies de mode du 18ᵉ siècle. À contre-jour et en écho à ces tableaux, les silhouettes de neuf arlésiennes contemporaines se découpent dans des médaillons. Un véritable ballet chorégraphié. Il s’agit de la seule œuvre permanente de l’exposition. Une installation vidéo de Charles Fréger, commandée par Fragonard. Elle rend hommage à la figure poétique des Arlésiennes qui furent les muses des artistes de passage et qui, pour se démarquer, adoptèrent une gestuelle et une mode comme langage. « Un mythe d’inaccessibilité », selon l’artiste, qui transforme ces gestes intimes en rituels quasi sacrés.

Couple d’arlésiens, promeneuses dans les Alyscamps, mariée… Sur fond noir, dans la grande galerie des costumes, les silhouettes se succèdent. Dans un parcours chronologique, elles restituent des instantanés de ce que furent les coutumes vestimentaires arlésiennes et françaises du 18ᵉ siècle jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale. Chaque détail est documenté et replacé dans son époque. « Nous avons beaucoup d’envie et beaucoup de volonté pour ce musée », confie Clément Trouche. Artistes, stylistes et designers contemporains, dialogues avec des pièces haute couture de créateurs disparus…  On se plait déjà à imaginer les prochaines conversations textiles qu’abriteront les murs de ce très bel ancien hôtel particulier.

 

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Musée de la Mode et du Costume Fragonard, DR

  • Musée de la Mode et du Costume Fragonard, 16, rue de la Calade, Arles.
  • Collections Collection, jusqu’au 4 janvier 2026. Billetterie

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