Musées en Exil, une exposition d’oeuvres déracinées au MO.CO

Actuellement dans les murs du MO.CO jusqu’au 5 février, l’exposition Musées en Exil que nous avons eu le plaisir de découvrir est à la fois forte, atypique et universelle. Elle traite au travers des œuvres présentées d’un sujet commun à tous les peuples de ce monde, celui des guerres qu’ils ont traversées, traversent et malheureusement potentiellement traverseront. Elle aborde nos mémoires collectives, celles qui transportent les souvenirs des grandes épreuves que sont les conflits armés, celles transmises par nos patrimoines culturels et artistiques, vectrices et à la fois témoignages d’identités nationales.

Ainsi donc, les œuvres rassemblées dans le cadre de cette exposition sont des œuvres en exil parce qu’ issues d’abord de 3 collections constituées dans des contextes de guerre, ensuite provenant d’artistes ukrainiens (l’exposition était en préparation lorsque les deux commissaires ont appris l’arrivée des troupes russes en Ukraine), venues les rejoindre. Déracinées, elles ont, ou ont eu vocation à permettre à l’art d’être sauvé de tels contextes, ont valeur de symbole de résistance et d’espoir. Elles sont tantôt politiques, engagées, fondées sur des valeurs humanistes, solidaires et sont des dons d’artistes pour que vive et survive l’art.

Guernica Remakings, Remakings Picasso’s Guernica, a banner (détail), 2012-2014, Patchwork, 145 x 415 cm, Brighton, Angleterre

L’exposition s’ouvre sur l’expérience française. Elle nous invite à jeter un œil dans le rétroviseur et à nous remémorer les œuvres en exil du Louvre sous occupation allemande grâce à l’intervention de Jacques Jaujard, à l’époque directeur du musée et déjà à la manœuvre lors de l’évacuation des œuvres du Musée du Prado pendant la guerre civile espagnole.

La première collection présentée au MO.CO est celle du Musée International de la Résistance Salvador Allende. Elle est la plus connue, la plus politisée et fait se côtoyer des œuvres offertes par les artistes Wifredo Lam, Roberto Matta ou Zoran Mušič, depuis la France, en solidarité avec le peuple chilien alors victime de la dictature de Pinochet. Elles sont aussi représentatives des courants artistiques de l’époque.

La seconde provient de Ars Aevi, collection du Musée d’art contemporain de Sarajevo, qui a constitué dès 1992, pendant le siège de Sarajevo, une collection d’art contemporain avec l’objectif d’en faire don à la ville à la fin du conflit. Des artistes internationaux marquants de l’époque, comme Bill Viola, Mona Hatoum, Christian Boltanski ou Sophie Calle ont fait le don d’œuvres personnelles.

La troisième est la Collection en faveur de la Palestine. Née à l’Unesco, elle fait dialoguer des œuvres d’artistes modernes et contemporains (Gérard Voisin, Henri Cueco, Veličković, Mercedes Klausner, Jean-Michel Alberola ou encore Marco Velk) abritées pour le moment par le Musée de l’Institut du monde arabe, à Paris. Elles sont le symbole d’un engagement international.

Musées en Exil, MO.CO, 13 Rue de la République, 34000 Montpellier

Du mardi au dimanche, 11h-18h jusqu’au 5 février 2023.

MO.CO