Montpellier, juin 2025. Dans l’ancienne église Sainte-Anne, désormais haut-lieu de l’art contemporain, un arbre monumental s’élève vers la voûte gothique. Ses feuilles ? Des milliers de mains tendues. Son message ? Une invitation à la mémoire, au lien, au partage. JR signe avec Adventice une œuvre participative aussi poétique que politique, inaugurant avec éclat la réouverture tant attendue du Carré Sainte-Anne.
Une œuvre vivante et collective
Avec Adventice, JR ne se contente pas d’occuper un lieu. Il le prolonge, l’écoute, le transforme. Inspiré par une histoire botanique singulière — celle des graines étrangères échappées des laines lavées dans le Lez au Moyen Âge — l’artiste imagine un arbre aux racines multiples. Ces plantes venues d’ailleurs, considérées comme « mauvaises herbes », ont pourtant façonné la biodiversité locale.
JR en fait une métaphore de notre époque. Ces adventices, à l’image des mains qu’il collecte, incarnent la richesse née du métissage, la beauté née de l’imprévu. Chacun peut y participer : il suffit de photocopier sa main et de l’ajouter à l’arbre. Ainsi, l’installation grandit au rythme de ceux qui s’en approchent.
Fermé depuis 2017 pour d’importants travaux, le Carré Sainte-Anne retrouve sa lumière. L’ancienne église néogothique, restaurée avec finesse, rouvre avec cette exposition manifeste. Vitraux rajeunis, pierres nettoyées, acoustique retravaillée : tout concourt à accueillir l’art d’aujourd’hui dans un cadre chargé d’histoire. Avec Adventice, JR honore ce lieu marqué par la concorde. Édifiée à la demande d’un maire protestant, l’église Sainte-Anne visait déjà, au XIXe siècle, à apaiser les blessures des guerres de religion. Aujourd’hui, elle accueille un arbre né de mains anonymes, symboles d’un vivre-ensemble contemporain.
JR, artiste du lien et des foules
On le connaît pour ses interventions spectaculaires : Face 2 Face sur le mur israélo-palestinien, Kikito à la frontière américano-mexicaine, ou encore son anamorphose autour de la pyramide du Louvre. Avec Adventice, JR poursuit sa quête de lien. Il ne donne pas à voir, il donne à faire. Il place le spectateur au centre, non comme simple regardeur, mais comme co-créateur. Sous la nef du Carré Sainte-Anne, il n’y a plus de hiérarchie. L’œuvre appartient à tous, elle s’élabore collectivement, comme un jardin de gestes simples et profonds. Elle pousse, elle s’adapte, elle vit.
Accessible librement, l’exposition Adventice se tient du 27 juin à fin décembre 2025, au Carré Sainte-Anne, Place Sainte-Anne à Montpellier.