On ne choisit pas toujours sa terre d’ancrage. Parfois, c’est elle qui vous choisit. Pour Gaël Serre, ce lieu de lumière et d’eau, c’est Sète. Une ville qui l’accueille, l’inspire. Une ville qu’il regarde avec reconnaissance, qu’il peint avec ferveur. De cette rencontre est née Sétissime, une exposition manifeste, intime et lumineuse, où l’artiste déploie toute la richesse de sa palette, de sa mémoire et de ses convictions.
Un amour né d’une affiche
Tout commence en 2023, lorsqu’on lui confie la création de l’affiche des 350 ans de la ville de Sète. Une commande officielle, mais pour l’artiste, un tournant symbolique. “Ce moment a ouvert quelque chose de plus profond. J’ai eu envie de rendre, de remercier cette ville qui m’a tant donné”, confie-t-il. De là, l’idée d’un projet plus vaste prend forme. Quand on lui propose d’investir la chapelle du Quartier Haut, il imagine une œuvre plurielle, comme un élan sacré : vitraux, autel, sculptures, peintures, céramiques, tout est pensé comme une offrande.
Une chapelle investie, une ville transfigurée
À l’intérieur, chaque détail est habité. L’autel qu’il crée pour la Vierge, les hippocampes suspendus comme autant de trésors marins, un ciel sculpté flottant dans la nef, des vues du port dessinées à toute heure du jour et de la nuit. La ville est omniprésente : dans ses reflets, ses matières, son souffle. Gaël Serre travaille avec des artisans d’exception – Jean Mone, maître verrier, Lucille Just, bronzière, Anaïs Dezarnaud, céramiste locale – et imagine la chapelle comme un cœur battant, où le sacré rencontre la création. “Je voulais que cette exposition soit une expérience, un lieu de passage, de respiration. Que l’on sente le lien entre la matière et l’émotion.”
Ce regard sensible, il le porte depuis toujours. Petit-fils, fils, arrière-petit-fils d’artistes, Gaël Serre a grandi dans une maison où l’on peignait, tissait, façonnait la terre. “Ma grand-mère ne peignait que les couleurs. Ma mère tissait ses propres tissus. Mon grand-père m’a appris à récolter l’argile.” Cette mémoire vivante irrigue toute son œuvre. Chaque pièce, chaque coup de pinceau, est un prolongement de ce geste familial, de cette filiation artistique.
“Sétissime” n’est pas seulement une exposition : c’est une déclaration. Une lettre d’amour à Sète, une célébration des femmes et des mères, un geste de transmission. Et surtout, une œuvre sincère, organique, généreuse, comme une respiration partagée.
Sétissime, Chapelle du Quartier Haut à Sète – Jusqu’au 24 août à Sète