LE FEU, LA FUMÉE, LE SOUFRE

Dans une sarabande jouissive, Bruno Geslin rend grâce au génie de Christopher Marlowe, personnage emblématique de la littérature anglaise du 16^e siècle, et de son Edouard II hédoniste et autodestructeur.

Dans un décor de brume, se déroule le règne d’Edouard II. Devenu roi d’Angleterre à la mort de son père, le nouveau roi rappelle auprès de lui son amant exilé, Pierce Gaveston, attisant ainsi les foudres de la reine et de la noblesse. Dans un flashback punk et transgenre, porté par dix comédiennes et comédiens qui jouent plus de vingt rôles, où les femmes jouent des hommes alors qu’à l’époque élisabéthaine, seuls ces derniers avaient le droit de monter sur scène, Bruno Geslin et Jean-Michel Rabeux se jouent des codes pour monter une pièce monstre qui est avant tout une pièce qui se refuse en permanence. Au moment où l’on pense en avoir saisi la forme, les enjeux, la construction, elle se dérobe à nouveau et invite à se laisser porter par la folie d’amour jusqu’à la mort.
Avec leur troupe talentueuse, le théâtre de tréteaux n’est jamais loin. Ils rendent un hommage jubilatoire au génie et à la poésie crépusculaire du sulfureux Christopher Marlowe, contemporain de Shakespeare.