SWAYAMBHU, Shantala Shivalingappa

Fille de Savitry Nair, la danseuse indienne qui inspira Béjart, Shantala Shivalingappa a fasciné Pina Bausch, Peter Brook ou Bartabas qui l’ont intégrée à leurs spectacles. Elle a dansé en duo avec Sidi Larbi Cherkaoui et, à Montpellier Danse en 2018, Aurélien Bory a créé pour elle, aSH, pièce pour Shantala Shivalingappa. C’est aussi et surtout, une merveilleuse danseuse de Kuchipudi, cette danse indienne du 15^e siècle, savante et raffinée qui accepte néanmoins quelques influences populaires. Le Kuchipudi mélange danse pure et narrative pour illustrer une histoire ou une prière racontée par le chant, notamment à l’aide des mudras, cet alphabet sophistiqué déployé par les positions des mains. Dans Swayambhu, entourée de quatre excellents musiciens, elle danse comment Ganesh le dieu-éléphant bénit toute entreprise audacieuse, comment coule le Gange de la chevelure de Shiva, ou comment le dieu Kumara aime jouer avec ses paons. Shivalingappa prête son corps mince et flexible à ce style de danse, plus aérien et plus fluide que le Bharata Natyam, avec ses courbes et ses déliés, beaucoup plus dynamique aussi grâce à ses sauts étonnants et ses frappes percussives. Le corps entier communique les émotions que le récit suscite. Ainsi dans le conte savoureux ou la déesse Padmavati s’éveille d’un cauchemar dans lequel elle se disputait avec son époux, le dieu Venakateshwara, la danseuse alterne les deux rôles avec un brio exceptionnel. Ce récital est un véritable voyage vers une danse sacrée, que les indiens considèrent comme l’expression de l’énergie divine. Agnès Izrine